Voici le premier d’une série d’article qui va nous accompagner dans le lancement de ce projet qu’est pour nous Sous les Nuages. Nous allons documenter cette aventure avec honnêteté pour en garder la trace et partager avec vous nos questionnements et nos aspirations.
Parce qu’aucune expérience n’est unique mais chacune de nos existences résonnent les unes avec les autres, nous espérons que ce partage saura vous inspirer sur votre propre chemin. Nous nous souhaitons à tous, à vous comme à nous, de cheminer ensemble vers une vie plus simple et réjouissante.
Mo, préparant un bouquet de soucis, septembre 2023.
1- Notre engagement premier
Avant toutes choses, nous avons deux enfants, qui ont actuellement 4 et 7 ans. Nos enfants sont instruits sans école, ça a été notre proposition et c’est devenu leur choix. Au quotidien, ce sont eux notre priorité, tant qu’ils en auront besoin.
Nos enfants ont des besoins spécifiques, ils ont besoin d’une présence constante, d’aide pour les gestes du quotidien, de soutien, même dans les petits détails.
Ils ont à la fois une grande curiosité pour beaucoup de choses, et en même temps beaucoup de difficultés pour des actions très simples. Ils ont besoin de remédiation en libéral et d’un suivi médical et psychologique.
Notre vie s’articule autour d’eux, pour eux, pour que leur enfance soit la plus constructive et enrichissante possible.
2 – Notre engagement envers nous-même
Avant même que nous ayons nos enfants, nous avions découvert que nous étions, l’un et l’autre, affublés d’un HPI hétérogène. Nous ne savions pas vraiment quoi en faire car cette donnée semblait comique vis à vis de nos difficultés, et les ressources à ce sujet étaient assez fantaisistes… Mais à travers nos enfants, et grâce à un psychologue du CRA de Brest, nous avons compris que ce HPI masquait en fait ce qu’on appelle des Troubles du Neuro-développement. (Quand bien même plusieurs professionnels étaient passés à côté, ne connaissant pas l’influence du HPI dans les TND)
S’est alors entamé un chemin familial de diagnostics qui nous a permis de sortir de schémas délétères et de faire la paix avec nous-même. Cela a commencé par les enfants (et leurs faces illuminées de joie une fois les handicaps nommés et reconnus) puis nous avons suivi, avec plus ou moins de difficultés.
Une fois qu’on accepte qu’il y a certaines compétences qui nous sont inaccessibles, ou accessibles au prix d’efforts trop importants, une fois qu’on fait le deuil de la normalité, on peut se concentrer sur ce qu’on souhaite vraiment pour nous-même. On peut se libérer du poids de chercher à rassurer notre entourage et aller au contraire chercher l’aide nécessaire (dont on n’avait même pas idée qu’elle existait) pour mener à bien nos projets de coeur.
Et vu que les enfants grandissent en imitant, quelle meilleur éducation que celle de leur montrer qu’on apprend à prendre soin de nous-même et à croire en nos capacités à nous épanouir et à concrétiser nos projets ?
La maison vue du potager après Ciaran, novembre 2023.
Notre cuisinière à bois, équipée d’un bouilleur.
3 – Une inspiration permaculturelle
L’ambition est simple. Il s’agit de monter des activités professionnelles qui nous permette de garder nos enfants près de nous, de travailler de notre maison avec des horaires flexibles, et de le faire en accord avec une vision écologique de la relation (aux humains comme à la nature).
Nous sommes inspirés par les travaux de la Ferme du Bec Hellouin, d’Eliott Coleman, de Fabrice Desjours et de bien d’autres. Mais dans notre projet, les cultures vivrières sont pensées pour nourrir notre famille, et non pour être source de revenus.
Du fait des handicaps familiaux, nous avons des aides financières de la MDPH qui nous permettent une base sur laquelle vivoter, et construire nos entreprises personnelles. Cette aide est limitée et temporaire, mais elle nous permet tout de même de survivre au jour le jour.
Par ailleurs, nous possédons aujourd’hui un grand jardin de 3000 mètres carrés dans lequel nous avons un potager, une serre de 50m2, et nous plantons des arbres fruitiers. Depuis un an, nous sommes autonomes en légumes sur toute l’année. Pour les fruits ce n’est pas encore ça.
Et aussi, la nouveauté de cet hiver, c’est que Pierre coupe le bois de chauffe sur les talus des champs alentours, ce qui devrait nous autonomiser en chauffage d’ici un an. (La maison est chauffée par une cuisinière à bois qui fait bouilleur et alimente des radiateurs et un ballon d’eau chaude)
Le haut du jardin sous le givre, octobre 2023.
Nos jolies bottes, meilleurs alliées de l’hiver breton.
4 – Une activité sur-mesure
Quelle sera donc cette activité que nous souhaitons lancer à 4 mains dans cet environnement ? Il s’agit de Sous Les Nuages, notre projet pluridisciplinaire dont une partie est aujourd’hui accessible sur ce site.
Sous Les Nuages, aujourd’hui existe dans une activité de graphiste. Mashi accompagne des entrepreneuses locales dans la création d’identités visuelles et de supports de communication adaptées à leur projet. Cela se fait doucement, par le bouche à oreilles, auprès de personnes touchées par la sensibilité proposée.
Sous les nuages aimerait aussi exister prochainement dans la création de poupées d’influence Steiner avec une touche lgbt. Ces poupées seraient le début d’un ensemble de propositions d’objets qui touchent le textile, la laine, la terre et l’osier, le tout relié par le fil de l’objet simple et poétique pensé pour les familles “granola”. C’est à dire des familles soucieuses de l’écologie, progressistes et amoureuses des belles choses.
Et enfin, Sous les nuages existerait bientôt à travers un projet paysan de Pierre autour des plantes tinctoriales. Il se renseigne actuellement pour passer un brevet agricole à la rentrée. À terme, notre ambition est d’avoir, en parallèle de ce site, une existence physique sur les marchés finistériens, où nous proposerions un travail à la croisée de la paysannerie, de l’artisanat et de l’illustration.
Après tout, nous habitons à la croise des 3 pays finistériens, 3 peut-être notre chiffre porte bonheur.
4 – Une ambition grande et petite à la fois
Ce projet, nous souhaitons le concrétiser pour péréniser notre mode de vie. Continuer d’éduquer nous-même les enfants, sortir des aides, acheter des arbres pour faire une forêt comestible, avoir les moyens de restaurer notre maison et d’en faire un habitat écologique et réconfortant, avoir des bêtes près de nous.
Nous souhaitons aussi continuer de voyager avec les enfants, pouvoir un jour faire du wwoofing avec eux et proposer aussi notre lieu pour accueillir des wwoofers. Visiter plusieurs pays, s’inspirer des rencontres, des paysages, des habitudes…
Mais ce projet demande d’apprendre à le faire avec nos difficultés. Notre notion du temps quasi-inexistante, notre notion de l’argent pas vraiment plus développée. Notre capacité à rester bloqués sur un aspect des choses et à oublier totalement la globalité dans laquelle il s’inscrit. Ou bien l’intensité qui nous fait nous passionner pour quelque chose au point d’en oublier tout le reste… avant de le laisser en plan pendant plusieurs mois car autre chose a capté notre attention. Ou qu’on était fatigués alors on a eu besoin d’une pause, parce qu’on a oublié de prendre soin de nos besoins primaires, happés par tout ce qu’on aurait souhaité faire ou savoir faire.
Et qu’au final, notre plus grande ambition, notre plus beau projet, est celui de permettre à nos enfants de grandir dans une enfance douce et enrichissante qui les portera ensuite pour le reste de leur vie avec élan et sécurité. Et que tout autre projet reste secondaire.
Alors pour y arriver, doucement mais sûrement, nous allons nous faire aider. Et ça aussi, au fil du temps, on va en parler. Parce qu’il est compris qu’on n’y arrivera pas tous seuls du premier coup, mais parce qu’on sera résilient, et déterminés. Comme pour tout ce qu’on a entrepris jusque là, ensemble.